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Rappelle-toi quand l'aurore craintive [...]
24 avril 2006

Lisez .

Mais comment eux, qui se sont déjà jetés l'un dans les bras de l'autre, au point qu'ils ne savent plus ou sont leur limites ni se distinguent plus eux-mêmes, qui ne possèdent donc plus rien en propre, comment trouveraient-ils une voix qui leur permît d'échapper à eux-mêmes,à la profondeur de leur solitude déjà comblée ?

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Ils agissent d'un commun désarroi, et, lorsqu'ils veulent éviter, avec les meilleurs intentions, les conventions qu'ils rencontrent (le mariage, par exemple), ils succombent aux tentacules d'une solution moins évidemment conventionnelle,mais tout aussi mortellement conformiste, car tout est convention autour d'eux, et largement. En effet, tout ce qui est accompli à partir de ces troubles unions fondées sur une précoce fusion est conventionnel : toute relation, sur quoi débouche cette confusion, est convention, quelque insolite qu'elle puisse être (c'est-à-dire immorale au sens ordinaire). Même la rupture serait alors une démarche conventionnelle, une décision arbitraire et impersonnelle, sans force ni fécondité. un regard objectif constatera que, de même que pour la mort qui est difficile, il n'existe pas non plus pour l'amour, difficile, d'élucidation, de solution, ni signe ni chemin qui ait déjà eté frayé; et pour ces deux fidélités que nous recelons et transmettons sans les expliquer, on ne peut découvrir aucune règle qui leur fût commune et qui reposat sur un accord. Mais dans la même mesure ou nous commençons, en tant qu'individus, à tenter de vivre, ces grandes choses vont se rapprocher davantage de chacun de nous. Les exigences imposées à notre dévellopement par le difficile travail de l'amour dépassent les bornes de la vie, et , débutants, nous ne sommes pas à leur hauteur. Si toutefois nous tenons bon, et si nous assumons cet amour comme une charge et un apprentissage, au lieu de nous perdre dans tout ce qui est jeu frivole et facile - derrière laquelle les hommes se dissimulent la gravité la plus profonde de leur existence- ceux qui viendront longtemps après nous ressentirons peut-être un soulagement et quelque menu progrès - ce serait beaucoup.»

Lettres à un jeune poète, RAINER MARIA RILKE

Photo, Avril 2006

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